David Brognon

Brognon David aka The Plug


Né en 1978 à Messancy (Belgique), David Brognon vit et travaille à Luxembourg. Il fait partie depuis 2006 du duo d’artistes Brognon Rollin qui expose partout dans le monde.

Site internet du duo d'artistes

Exposition aux Centres d’art de la Ville de Dudelange



Brognon David aka The Plug


Issu du street art, the Plug - pseudonyme dérivé des prises électriques dont il marque les trottoirs européens les plus divers - compte depuis plus d’une dizaine d’années parmi les acteurs principaux du mouvement post-graffiti. Après avoir exploré les différents aspects de ce style au cours de son parcours et dans une volonté de développer un langage artistique plus conceptuel, the Plug a lentement déserté les rues pour s’infiltrer dans les galeries et centres d’art contemporain. Pourtant cette volonté ne se réduit aucunement à une simple adaptation de codes urbains aux « white cubes » mais plutôt à une appropriation et une relecture des signes propres à des tribus urbaines telles que les graffeurs, les punks ou encore les mods pour n’en citer que quelques-unes. On retrouve ainsi parmi les œuvres de l’artiste des éléments issus directement de la rue et ayant été proie à des actes de vandalisme divers. Ces objets se retrouvent comme arrachés à leur environnement et sont par la suite réinterprétés par l’artiste. La violence de ces actes et les traces laissées par celle-ci est juxtaposée à une recherche esthétique frappante et à un code de couleurs joyeusement déroutant. The Plug broie les pistes entre vandalisme fougueux et recherche esthétique. Là où l’acte de destruction se fait de manière impulsive sans préoccupations autres, l’artiste le transforme pour en faire une composition réfléchie. Dans sa plus récente exposition “We Are the Mods”, l’artiste reprend ainsi une barricade déformée et brutalisée par une horde de hooligans pour ensuite la laquer dans des teintes colorées. La brutalité de l’acte est contrebalancée par cette exécution soignée et une gamme chromatique festive. Avec Happy
Hooligans (2008), l’artiste va un pas plus loin, recréant un but barricadé. geste issu du langage des hooligans pour confronter et provoquer le club sportif adverse. L’artiste ne laisse rien au hasard et compose entièrement cette pièce de bout à bout. Pour l’artiste la composition s’accompagne de couleurs vives et joyeuses. En effet, en puisant dans la sous-culture des gangs, l’artiste ne tente pas de dénoncer quelques actes violents ou de pointer vers un comportement antisocial. Ce qui intéresse the Plug ce sont justement les différentes facettes de ces sous-cultures urbaines et la démystification de celles-ci, lui-même ayant évolué au sein de la scène des graffeurs. Les couleurs utilisées par l’artiste visent donc à dévoiler le côté festif qui règne parmi ces gangs, la violence n’étant souvent qu’un effet secondaire et non une fin en soi. Les bombes de couleurs et les peintures spontanées en rue ont donc (partiellement) laissé place aux compositions réfléchies et soignées dans la pratique de l’artiste mais son approche ne s’en est pas pour autant éloignée du milieu urbain, bien au contraire; the Plug nous place au cœur d’un monde urbain imprégné de codes et de valeurs.

Kevin Mulhen

Directeur, Casino-Luxembourg – Forum d’Art Contemporain, Luxembourg