Le lieu dans la ville où elle travaille sont particulièrement intéressants et importantes pour la photographe plasticienne dont les préoccupations concernent nos rapports à l’environnement construit, au déclin des industries et à la technique. Laurianne Bixhain a sa méthode : elle arpente les villes, observe leurs structures, elle photographie des lieux différents, et dans des villes différentes – tours, voitures, machines, fenêtres, écrans – et nous donne à voir une sélection-composition méticuleuse d’images abstraites, souvent ambigües. Il y a des détails de structures, des cadrages étudiés à chaque détail près, des images sensuelles parfois (à travers leur matérialité, leur texture et les formes qui s’y déploient), des résultats techniquement très pointus et des images qui deviennent concrètes au fur et à mesure que le regard s’y plonge : l’on voit alors que les points lumineux sont en réalité un écran, que le « drapé » voluptueux est celui d’une voiture, etc.). Si l’artiste travaille à libérer l’image de son référent en lui soustrayant les évidences, les dispositions des bâtiments ou des objets tels qu’elle les capture dévoilent constamment leur fonctionnement et leur rôle dans la société. En réfléchissant donc sur son entourage – ce qu’elle revendique comme étant une intention politique – Laurianne Bixhain prête attention aux formes, aux dispositifs : c’est à travers leur agencement qu’elle construit ensuite ses projets qui relient souvent plusieurs villes dans lesquelles elle réalise des résidences ou des voyages. Les photographies (analogiques ou numériques) sont aussi importantes que leur développement ou impression, que le choix du support (papier) et que la méthode de monstration (livre, exposition, accrochage). L’enjeu du travail se situe ainsi dans la subtilité de la composition de l’image, de la série, des informations. Laurianne Bixhain précise : « Il s’agit de connecter des villes plutôt que de représenter une ville particulière. De donner une [ma] sensation de la vie dans une ville. Le résultat est une fiction : sensations de différents lieux mélangés ». Il faut alors plonger, se laisser prendre par l’image.
Sofia Eliza Bouratsis
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