Martine et Jean Feipel-Bechameil

Née en 1975 à Luxembourg (L), Martine Feipel a suivi des études d'arts plastiques à l'Université Marc Bloch à Strasbourg (F), à l'Université des Arts à Berlin (D) sous la direction du professeur Christiane Möbus, ainsi qu'au Central St. Martins College of Art & Design à Londres (GB), où elle a obtenu un Master en arts plastiques en 2002. Depuis 2000, elle participe régulièrement à des expositions, notamment en Europe. Elle a obtenu plusieurs bourses de résidence artistique en Europe. Elle est membre fondatrice de la compagnie Pandora. En 2007, elle a initié le projet hétéroclite The Game of Life présenté en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg. La même année, elle a été sélectionnée pour le Prix d'Art Robert Schuman. 

Né en 1964 à Paris (F), Jean Bechameil travaille depuis 1990 en tant qu'artiste sculpteur indépendant. Pendant une douzaine d'années, il a vécu à Copenhague où il a régulièrement participé à des expositions. Parallèlement, il a travaillé sur de nombreux décors de pièces de théâtre et de films. Il a d'abord commencé à travailler à Paris où il a contribué à la réalisation du décor de Madame Bovary de Claude Chabrol (1991). Il a ensuite participé à des scénographies un peu partout en Europe. Il a, entres autres, réalisé les décors pour Antichrist (2009), Manderlay (2002), Dogville (2000) et Dancer in the Dark (1998) de Lars van Trier. 
Depuis 2008, Jean Bechameil est installé au Luxembourg où il travaille en collaboration avec Martine Feipel. 

Martine Feipel & Jean Bechameil réalisent essentiellement des installations qui réagissent au contexte dans lequel elles s'inscrivent. D'après des dessins et des sculptures qui leur servent de modèle, le couple tente de créer des espaces ; en croisant et en fragmentant des volumes, ils recréent un univers disloqué et bancal qui, a priori, échappe à toute logique.

site des artistes

Exposition aux Centres d'art de Dudelange : A THOUSAND YEARS, mai-juin 2010.

En 2011, Martine Feipel et Jean Bechameil sont désignés représentants du Luxembourg à la Biennale d'art contemporain de Venise.

Leur installation dans le pavillon du Luxembourg de la Ca del Duca s'intitule "Le Cercle fermé".

" .... Feipel et Bechameil se basent ici sur les limites physiologiques de notre perception de l’espace – c’est là le thème central de tous leurs travaux. Ils opposent l’expérience sensuelle à la reconnaissance abstractive. Il s’agit d’une « connaissance ressentie », d’après Walter Benjamin.  .... Feipel et Bechameil appuient leur démarche artistique sur le déconstructivisme, plus particulièrement sur le représentant le plus connu de cette pensée, le philosophe français Jacques Derrida, qui s’est fortement penché sur l’architecture et les idées liées à l’espace. Ses réflexions concernent le sens des frontières, le sens de l’espace, élément d’une longue tradition. Il ne s’agit pas de sortir, de repousser les limites des frontières, mais plutôt d’« ouvrir » un espace au sein même de l’espace traditionnel. Une ouverture qui ne crée pas un nouvel espace occupable, mais qui confère une sorte d’âme à un corps. ...

René Kockelkorn, curateur,  dans le catalogue qui accompagen l'installation "le Cercle fermé"


Le mode de penser du duo artistique gravite depuis le début autour d’un centre névralgique qui n’est pas la technologie mais une fascination pour l’espace – vécu, l’espace habité, fantasmé, pensé, imaginé. Les artistes ont ensuite développé un vocabulaire qui serait celui du dessin qui parfois devient volume, sculpture ou installation et une esthétique – cette interprétation exquise du modernisme – qui leur est totalement propre. Leur approche de l’espace étant basée sur une préoccupation – Comment vivons-nous ? – l’on comprend que leur travail ne pouvait qu’évoluer vers la direction des nouvelles technologies et dans une perspective qui vise à remettre en question leurs manières d’influencer le vécu (ou l’espace vécu). La démarche des artistes implique ainsi, et sans les dissocier, une approche socio-historique, esthétique, politique et technique. […] Pour comprendre ce travail dans toute sa cohérence, sa profondeur, sa potence questionnante et jouissive, il suffit d’entrer en dialogue avec lui. De saisir autrement-dit la source du mouvement dont cette démarche artistique est issue : deux modes de penser qui en sont un, une collaboration marquée par la force et la joie de l’amour – de la connaissance, de l’aventure (du rêve) et de la beauté ; mais aussi caractérisée par une cohérence entre le discours et la pratique des artistes.

Extrait du texte "Autonomie et abstraction", par Sofia Eliza Bouratsis, paru dans le catalogue accompagnant l'exposition de Martine Feipel et Jean Bechameil, Automatic Revolution, à la Galerie Valérie Bach à Bruxelles (janvier-mars 2019).