Claudine Ange écrit à propos de son travail :
« C’est un paradoxe, mais c’est ainsi, plus on plonge dans la spiritualité, plus on se trouve dans la matière ». Tapies, in
Telerama n° 2073, 4 octobre 1989.
Mais n’est-ce pas pour sortir de cette prison-matière que l’homme, de tout temps, a voulu marquer son passage ? Des fresques de Lascaux au Mur de Berlin, il crie silencieusement son appartenance à la terre et au ciel. Il se sert d’un support minéral, naturel ou fabriqué, de matériaux pauvres. Il trace sa mémoire en des symboles, des lignes. Des alphabets naissent. De ces techniques primaires surgit l’esprit qui anime toute chose.
La fatale question « d’où viens-je, qui suis-je, où vais-je » se trouve magnifiquement effacée par sa transcendante ascension vers l’être « accomplit ».
Il se sent investi d’une mission – apprendre et transmettre – il est l’être cosmique, les pieds sur sa planète, la tête dans les étoiles.
Car si le monde matériel était le seul réel, la progression des espèces s’arrêterait à l’animal. Aucune créature ne serait présentée ayant en elle la notion d’un monde autre, dans lequel serait incluse pour lui toute réalité.
La vie de l’animal, de la plante, du minéral est un stade, celle de l’homme une probation.
Claudine Ange, Bruxelles, le 21 mars 1995.