sculpture murale, caisson lumineux,
Der rote Faden in den Videos und Installationen von Trixi Weis war und ist häufig das Autobiographische, die Einladung daran teilzuhaben und sich vielleicht auch darin gespiegelt zu sehen. War bislang eher das märchenhaft Entrückte die gewählte Form und Ästhetik, wendet sie sich in ihren „new works“ mit grösserer Direktheit, ja, mit verkürzter Distanz an das Publikum. Wir erleben dabei, wie fröhliche Selbstironie zu existentialistischem Sarkasmus mutieren kann...
La recherche du bonheur
Qui a dit qu’il n’y avait pas d’art féminin au Luxembourg ? Certaines artistes s’y risquent, Berthe Lutgen, Patricia Lippert, le collectif Autour du Bleu ont laissé quelques traces par le passé dans l’histoire de l’art du pays, Ray Monde toujours très active dans un registre très féministe, Trixi Weis elle, qui a depuis toujours mené un travail autobiographique travaille nécessairement sur son statut, son image et son corps et donc inévitablement sur celui de la femme. Même s’il ne faut pas obligatoirement assimiler son travail à un art féministe mais par déduction à un art créé par une femme sur la femme.
Elle le montre dans son exposition d’œuvres récentes New works présentée à la Galerie Nei Liicht à Dudelange. C’est donc du point de vue avant tout autobiographique qu’il faut appréhender cette exposition très personnelle et cependant s’adressant à l’Autre, intimiste et pourtant publique, secrète et malgré tout dévoilée aux yeux de tous. Il y a de quoi être agréablement surpris, concernant l’évolution de son travail, plus tenu aujourd’hui, plus subtil, également plus pertinent.
Ainsi, Trixi Weis a investi le premier étage de la galerie comme un appartement. Le visiteur traverse les chambres pour découvrir différentes humeurs, différentes œuvres et facettes du travail de l’artiste. En ayant l’impression de circuler au sein du Moi de Trixi Weis, un parcours ou un peep show voyeuriste, où le curieux peut jeter un regard à gauche à droite, à travers un judas, principe duchampien de la convoitise érotique, mais ici pour découvrir une marmite fumante, rapport à la cuisine et à l’attente éternelle dans un désert. D’autre part, on découvre une roue du hasard, sous la forme d’une grande installation au sol, tournant sans que l’aiguille ne s’arrête à aucun moment sur l’une des inscriptions au sol anywhere, somewhere, elsewhere. Trixi Weis rappelle que très souvent « nous ne sommes gagnants nulle part dans la direction que nous donnons à nos vies. C’est une œuvre sur la circulation et l’orientation, mais aussi sur la communication entre les gens qui ne fonctionnent pas toujours ». Un toboggan fait tout de même office d’échappatoire... afin de se jeter dans le vide ! « Le toboggan est une image d’un retour à l’enfance, c’est un objet rassurant et pourtant le retour est ici impossible ».
Le hasard, les problèmes de communication ainsi que le retour à l’enfance font partie intégrante de son travail. Des dispositifs appelés Traffic signs formulent un langage simplifié dans l’espace d’exposition évoquant les signes et le langage des mains créant un rapport avec l’installation récente pour Park(ing) Day réalisée dans l’espace public à la gare et interpellant l’Autre, dans une volonté d’interaction. L’œuvre Les Gendarmes consiste en un film diffusant l’image de ces punaises qui, tout en copulant, victimes de leur dépendance sexuelle, continuent à circuler, pendant que les voyants rouges de téléphones qui se tournent le dos ne s’arrêtent pas de clignoter, signe d’urgence animale, mais encore une fois dans la discontinuation.
L’artiste étale la nature des relations amoureuses ambiguës. Sur une porte est accrochée l’inscription lumineuse rouge I want you et en la poussant, le témoin se retrouve devant l’inscription verte I don’t want you. Histoire de « je t’aime moi non plus » mais aussi de circulation précise Trixi Weis : « Cette œuvre plus politique instaure un rapport au respect et au non-respect ». On retombe souvent sur ces pattes dans l’exposition et l’on revient sur des cases à la manière d’un monopoly, c’est ce qui caractérise l’art de Trixi Weis, un constant va-et-vient, des tentatives sentimentales, des petites choses et hasards de la vie, des thérapies solitaires pour se guérir et se réconforter quand cela ne va pas. Une vidéo diffuse une séquence en rythme accéléré montrant l’artiste assise à la table de sa cuisine buvant et fumant, vodka et cigarettes jusqu’à ce que le corps rejette les substances. Cette thérapie est un antidote, un substitut du bonheur, comme d’autres iraient voir des prostituées, prendraient de l’héroïne ou feraient du sport.
On pense à l’art de performance des femmes artistes des années 1970 à aujourd’hui, de Yoko Ono, Gina Pane, Marina Abramovic, mais dans une action toute nuancée, plus légère, sans la gravité émotionnelle et psychologique. En face, une autre vidéo diffuse l’image de mains de femmes qui se perforent les ongles à l’aide d’un appareil électrique pour ensuite faire circuler un fil de métal à travers les ongles et se ligoter ainsi les mains « Il ne s’agit pas d’une mutilation mais d’un acte de recueillement sans consommation de produits substituts du bonheur ». Ailleurs, Trixi Weis rend hommage à Louise Bourgeois, Merci Louise, figure de l’art autobiographique féminin qui a beaucoup contribué à notre vision de la place des femmes dans l’art, même si elle a davantage travaillé sur le statut de la mère.
Didier Damiani, à propos de l’exposition New Works de Trixi Weis au Centre d’art Nei Liicht, article paru dans le D'Lëtzebuerger Land du 07.10.2010.