Rozafa Elshan

Armand Quetsch
sans titre / extrait de la serie ephemera
Armand Quetsch
sans titre / extrait de la serie ephemera
Synthèse d’une excursion, 2021
installation, Hahnemmühle, Dimensions 90 x 64 cm
Acquisition 2022

15.05.22
Depuis la clôture de l’exposition collective «ARCHIPEL» lors du festival d’EMOP 2022, un an s’est presque écoulé
et aujourd’hui se pose d’autant plus la question de comment en garder une trace. A la suite de longs échanges
sur base de la proposition initiale et de l’évolution de ma recherche, il me semble important de relancer une nouvelle tentative pour intégrer ces différents enjeux. Après l’installation, après avoir replié les nombreux éléments dans leurs boîtes respectives, j’avais le désir de créer une forme dont les choses exposées pouvaient continuer à persister, comme dans un autre espace/temps. L’impulsion était de réorganiser les éléments originaux dans une boîte d’archive pour ensuite les glisser dans un autre espace d’archives comme celui du CNA. Un tel geste implique tout d’abord l’envie de prolonger le dialogue entre artiste et institution en passant de l’exposition à la collection. Conserver des tirages photographiques oui! Mais comment alors assurer à long terme la préservation d’un rouleau sismogramme, d’un morceau de plastique enveloppant un fil rouge ou d’une sous-assiette en bouchon?
La manipulation et le traitement d’un tel contenu relèverait avant tout d’une problématique d’archivage au sein du CNA qu’elle n’est ni en mesure de d’affronter ni de résoudre à l’heure actuelle.
En tant qu’artiste contemporaine travaillant de très près avec le médium photographique, il me paraît frappant
de devoir constater que la seule véritable forme de transmission envisageable est celle du tirage. Nous aurions tendance à expliquer ce fait par la nature matérielle et inhérente de la photographie et de l’archive. Et si l’acte
et l’image photographique étaient aussi une recherche avec de la profondeur et des plis qui se découlaient sur l’instant et qui auraient besoin de se répandre dans les pages d’un bloc de tombola, dans les couches d’une nappe blanche ou dans la pointe d’un crayon pour pouvoir exister? Comment alors transmettre cette densité multiple et dynamique d’une recherche dans un tirage sans négliger la condition d’un ensemble? Le besoin et la nécessité de vouloir transmettre un aperçu de cette excursion ne sont-ils pas constamment voués à l’échec?
Un an plus tard, la contrainte de l’archivage m’a amené à réfléchir plus amplement à cette ambivalence entre installation - archive (déploiement - repliement) pour intervenir avec un geste complémentaire qui est celui du document (trace-aperçu). La nouvelle proposition d’acquisition prendrait la forme d’un tirage-document qui
capte non seulement une variation d’un possible agencement spatio-temporel, mais intègrerait également la problématique actuelle de l’archivage. Le tirage ferait 75 x 60 cm et serait tiré en jet d’encre pigmentaire sur Hahnemühle Fine Art Rice Paper 100gr/m2.

13.06.21
La proposition d’acquisition au sein du festival d’EMOP se voit définir sous forme de deux boîtes en matière cartonnée grise. Chacune constituerait un ensemble d’élément qui pourrait à la fois retracer le processus de l’installation «Synthèse de l’excursion» et à la fois offrir la possibilité de redéployer la matière dans le futur lors d’une exposition au sein des deux institutions. L’idée de traiter l’espace de la collection comme une autre forme d’installation pour continuer à élargir et à mettre en mouvement le dialogue sur la photographie me semble important pour approfondir le processus de recherche. La première boîte aurait comme contenu le bloc des tirages de lecture, le bloc vendeur, le rouleau du sismogramme, deux nappes blanches, le crayon noir et la sous- assiette en bouchon avec un fil rouge enveloppé en plastique. Elle aura comme fonction de reprendre touts les éléments du rez-de-chaussée qui ont été pensés comme le point de départ de ma lecture photographique. Le bloc des tirages de lecture et les autres objets agissent comme une archive brute et personnel qui pourrait au futur intégrer l’archive nationale et prestigieuse du CNA.
La deuxième boîte aurait comme contenu un bloc de photocopie, un bloc de carton découpé, le morceau de
verre avec sa mousse noire (objet personnel et sur-mesure pour la constitution des planches-contacts dans la chambre noire), la boîte de bonbon, l’abeille, la liste des films, le drap noir, la feuille de muffin, un ticket du bloc vendeur avec des annotations au crayon, le scotch double-face avec un morceau de coton, un verre contenant des épluchures du crayon noir de la première boîte et la feuille de découpe en carton. Elle aura comme fonction de reprendre à petite échelle la multiplication, la diffraction et la décomposition du fond photographique. Le geste agissant avec toutes ses ouvertures et ses basculements était principalement possible grâce à la disponibilité du lieu et l’ouverture de la galerie. Cette deuxième boîte, une forme condensée de la mezzanine à Dominique Lang et de la suite du dialogue, pourrait à l’avenir être intégrée la collection des Centres d’art de la ville de Dudelange.
Les deux boîtes en carton faites sur-mesure seraient des objets uniques qui entament le début de cette archive déambulatoire. Chaque boîte serait numérotée, signée et accompagnée d’un cartel.